129 missives en provenance du STO

Requis, étant né en 1922, Gabriel Henry Boulogne, mon grand-père, quitte sa ferme en Dordogne pour la gare de Brive où les autres requis se rejoignent. Puis, le départ vers l’inconnu : « Le jour où on reviendra au pays, on pourra dire qu’on aura vu quelque chose ». Avec pas moins de 129 lettres, et quelques-unes perdues, sur près de deux longues années, du 16 juin 1943 au 24 mai 1945, période de déportation pour contrainte au travail, il y raconte son quotidien, le compagnonnage avec les autres requis, ses airs d’accordéons, les longues journées, et son travail à la manufacture : « Nous sommes dans les Sudètes, le protectorat de Bohème-Moravie. Avant la guerre, quand l’Allemagne a annexé les Sudètes, celui qui m’aurait dit que j’irai dans ce pays, […] enfin ce qu’il y a c’est que nous sommes bien, nous sommes tombés dans la bonne place ». Une plongée au cœur du système du Service du Travail Obligatoire, où l’assimilation des travailleurs français pouvait exister entre 1943 et 1945.